Depuis fort longtemps je pense à développer ce sujet. La procrastination est familière à beaucoup de personne aujourd’hui. Mais si on l’applique à la sexualité ?
Que cela peut-il bien raconter de nos façons d’entrer en relation ?
À l’heure où les rythmes effrénés s’imposent à nous que faisons nous de nos désirs et de ce qui les alimentent.
Le concept de proscrastination vous est peut-être familier…
S’il ne l’est pas je reprends la définition que l’on peut en faire : « La procrastination est une tendance à remettre systématiquement à plus tard des actions, qu’elles soient limitées à un domaine précis de la vie quotidienne ou non. » source : wikipedia
Nous connaissons bien cette sensation qui nous pousse à avoir une refléxion interne et un point de bascule qui nous invite à repousser à plus tard ce que nous aurions du faire.
Tous les dérèglements associés au système de la récompense, addiction du cerveau à la dopamine y sont pour quelque chose.
La procrastination sexuelle, comment s'en défaire ?
De quelle façon cette facheuse habitute peut perturber notre sexualité ?
Il faut comprendre le mécanisme de l’excitation sexuelle et le fonctionnent du désir et l’appliquer au concept de procrastination pour comprendre.
‘Moins on fait, moins on a envie ! » l’adage que l’on peut entendre dans les émissions de Brigitte Lahaie que je recommande par ailleurs d’écouter.
« Plus on fait plus on a envie… » son corrolaire opposé.
Nous allons donc nous trouver face à une inertie naturelle qu’il faudra vaincre afin que l’excitation sexuelle soit suffisante pour qu’elle provoque un rapprochement. Et « deux corps qui se désirent dans un même espace savent très bien quoi faire » (Alain Héril).
Le désir lui va nourrir l’excitation et c’est cette excitation suffisante partagée qui va permettre la rencontre intime et sexuelle. La sexualité et l’intimité n’étant pas la même chose, il peut y avoir des moments d’intimité sans sexualité et inversement parfaitement satisfaisant. Le tout étant que chacun et chacune puisse y trouver une forme d’épanouissement.
Pour moi la sexualité s'appuie sur trois piliers : espace, temps et énergie.
Comme un tabouret à trois pieds, il faut que les trois piliers soient suffisamment solides pour que la sexualité puisse s’appuyer dessus et se développer dans un couple qui s’inscrit dans la durée.
Le pilier de l’espace au sens de l’environnement, un environnement propice à cette rencontre spéciale du corps de l’âme et de l’esprit.
Nombreuses de mes collègues sexologues interviennent sur le sujet de la chambre à coucher. Il est à noter que ce sont des collègues féminines signe d’une évolution des stéréotypes de genre qui n’a pas achevé sa libération des schémas anciens. La déco pour les femmes, l’intérieur, le travail pour les hommes, les choses « sérieuses ». Il est en effet parfaitement souhaite que les sexologues hommes puissent se saisir de ces questions et pouvoir accompagner les couples à créer des espaces propices à une sexualité épanouie.
Donc si l’espace n’est pas accueillant, adapté, agréable il pourra constituer si ce n’est un frein, en aucun cas un support pour une sexualité de couple fonctionnelle.
Le temps : pilier majeur sur lequel peut s’appuyer ce loisir ; car la sexualité est un loisir qui se sert des organes reproducteurs entre autres pour procurer du plaisir à ses porteurs et porteuses. La procréation est naturelle, la sexualité est un apprentissage, je vous renvoie aux travaux de Philippe Brenot et notamment son ouvrage « Pourquoi c’est si compliqué l’amour ».
Dans ce monde où nous n’avons jamais assez de temps il faut pouvoir en dégager pour se rencontrer et dépenser de l’énergie pour ce loisir.
Ce qui m’amène au dernier pilier celui de : l’énergie.
Le corps humain ne connait pas de déficit en matière d’énergie. Il n’est pas possible d’être à découvert de ce point de vue. Nous avons besoin de cette énergie pour que nous grandes fonctions vitales soient assurées, la circulation sanguine, la respiration etc..
Aussi quelqu’un qui ne dispose pas suffisamment d’énergie ne va pas dépenser naturellement cette énergie qui lui fait défaut dans un loisir, même s’il est sexuel, même s’il ou elle en a envie, sous pretexte d’y trouver un possible et non garanti orgasme, au risque de connaître l’épectase comme Félix Faure notre regreté Président de la République.
Et lorsque le désir fait quelque peu défaut, ou que l’excitation n’est pas suffisante ou que ces piliers ne sont pas assez robustes alors se dresse devant la personne concernée une montagne d’efforts à produire pour se mettre en action.
Ainsi pour moi la proscrastination sexuelle tient dans le fait que :
« le coût de l’énergie à déployer pour vaincre l’inertie de la machinerie sexuelle à l’arrêt est supérieur aux bénéfices posibles estimés et non garantis que la personne pourrait connaître s’il elle s’emploie à mobiliser cette énergie. »
Quand je dis « coût » c’est un adjectif que l’on pourrait employer au pluriel tant il regroupe les coûts psychologiques : comment je vais faire pour déployer cette énergie versus ce que je peux en retirer, le coût physiologique lié à un possible manque à gagner en terme de temps et notamment celui du sommeil, dépense phyisique etc etc.
Tout cela vient expliquer par somme des facteurs qui s’aditionnent l’origine du bénéfice secondaire lié à la procrastination sexuelle tenant dans les économies que la personne va faire en se disant « nous nous rencontrons plus tard mais pas ce soir. »
Cela n’est en rien une vérité, il n’en est aucune universallement vraie en matière de sexualité.
Cela apporte un éclairage sur les avantages à repousser le prochain rapport sexuel car il y a trop pour se dire « oui allons-y ».
Il ne s’agit pas de dire si c’est bien ou non mais simplement de décrire une des façons de vivre un de nos comportements humains à notre époque et dans notre mode de vie occidentale de « pays développé ».
Naturellement il impossible pour moi de ne pas évoquer les avantages et bienfaits d’une sexualité fonctionnelle tant la libération des neurotransmetteurs liée à une sexualité fonctionnelle et épanouissante est bénéfique pour les partenaires qui la partage.
Il me parait aussi intéressant de préciser qu’il est possible de vaincre cette procrastination sexuelle en précisant que pour autant cela peut nécessiter des « efforts » en effet.
Croire que les planètes sexuelles peuvent s’aligner à chaque fois naturellement pour que cette rencontre se produise est un leure.
Là où j’entends des personnes parler de « mérite » je crois en un équilibre entre ce que nous apportons et ce que nous pouvons espérer retirer de nos interactions dans ce mode relationnel qu’est le couple.
Une sexualité épanouissante à deux, en couple ou autre mode de relation, est possible selon moi, peut-être même facile à mettre en place pour peu que chacun et chacune puisse contribuer à l’alimenter à une mesure nécessaire et suffisante pour la rendre fonctionnelle et durable.
L’exploration à deux est parfaitement aidante pour alimenter la sexualité, découvrir de nouvelles choses comme le massage tantrique cachemirien est une possiblité pour l’introduire par la suite dans sa sexualité.
Naturellement vous pouvez vous faire accompagner par des professionnel.le.s de la sexo, faire une thérapie de couple si nécessaire.
Prenez soin de vous et de votre sexualité autant que de votre couple.
Alexis