Suis-je normal(e) ?
Autour de cette interrogation globalement se posent les questions en lien avec les rapports sexuels, leurs durées, leur fréquence et aussi tout ce qui va questionner la nature des fantasmes et de la réalisation ou non de ces fantasmes.
D’une manière générale, le rapport à son corps, au corps de son partenaire et ce que nous avons envie d’en faire.
A cette question : Suis-je normale ? Et afin de donner du biscuit à celles et ceux qui attendent des réponses. Voici quelques réponses aux questions concernant la « norme » les plus fréquemment posées :
La fréquence des rapports : 8,7 rapports sexuels par mois selon l’enquête1
La durée moyenne : 7 minutes et 20 secondes2
Durée idéale : entre 7 et 13 minutes selon une autre étude3
Fantasmes les plus courants :
- Faire l’amour à plusieurs
- Se faire dominer avec son consentement ;
- Avoir un partenaire de même sexe pour les hétéros… etc
Consommation de sites pornographiques : en moyenne 10minutes par visite pour un total de 20 à 70 min par semaine.
L’ensemble de ces interrogations lorsqu’elles posent problèmes peuvent être interprétées de la façon suivante :
« Cela traduit une difficulté à vivre sa sexualité de manière libre sans être continuellement en train de se comparer à la “norme” dans les magazines, à la télévision, chez les amis, etc. La sexualité devrait se faire selon des règles bien précises, ce qui est faux. » Enonce Alain HÉRIL4.
Fichue norme.
D’une manière générale je considère important de comprendre qu’il y a une différence entre la normalité et la norme édictée par la moyenne des pratiques. Une pathologie est caractérisée par la réunion de 5 composantes : le caractère obsessionnel, la réitération, la ritualisation, la réification (l’utilisation de l’autre comme un objet) et enfin la mise en scène. Aussi on peut définir la normale par opposition à ce qui est pathologique. Autrement dit, la norme est tout ce qui n’est pas pathologique.
Alors le champ de la norme devient totalement ouvert et aussi vaste que possible. Chaque individu, chaque couple à la possibilité de rencontrer sa normalité afin d’être pleinement épanoui dans sa sexualité.
Parmi les questions classiques que l’on entend en cabinet nous retrouvons donc, la durée d’un rapport, la fréquence des rapports.
A cette question il n’y a pas de réponse toute faite et générique que l’on peut proposer. Il s’agit simplement pour le partenaire du couple de trouver sa réponse en lien avec soi-même. Ce qui lui convient et ce qui convient à son/sa partenaire. Certaines personnes aimeront une façon, d’autre une autre.
La véritable question à laquelle nous devons répondre est de quelle manière nous allons nous retrouver. Je suis du soir et lui du matin. J’ai envie de sensualité quand mon partenaire à envie d’exprimer un côté plus bestial.
Une des solutions dans la sexualité comme dans tout autre chose et de se donner du choix.
Il est possible de faire autrement. Amener de la variété, du changement pour casser une routine sexuelle. Introduire des rendez-vous où pourront se jouer de nouvelles expressions de la sexualité du couple.
J’ai tel ou tel fantasme ! Est-ce normal d’avoir envie de cela ?
Dr Sigismund Freud !
Ce qui m’amène à présenter le concept Freudien du « ça » et du sur-moi. Le « ça » étant l’expression des pulsions de vie et de mort qui siègent dans notre bassin. Là ou les adeptes de spiritualité identifient le premier chakras, autrement appelé le chakras racine. Le siège d’« Eros » et « Thanatos » installé dans le « chaudron » que représente notre bassin. Cette énergie qui se développe dans l’approche tantrique sous forme de monté de Kundalini pour s’élever à travers nos chakras jusqu’au 7ème ciel ? Non 7ème Chakras, dit couronne. C’est cette énergie que l’on appelle lidibo, énergie vitale ou simplement énergie de vie.
Et le « sur-moi » qui lui est fait de notre héritage, de nos représentations, de notre éducation. Notre « sur-moi » est constitué de ce que l’on pense que la sexualité doit être, de notre rapport aux lois.
C’est l’arbitrage entre notre « ça » et notre « sur-moi » qui permet l’existence du « moi ». Le « moi » est le résultat d’une négociation entre « ça » et le « sur-moi ».C’est cet arbitrage qui permet de gérer la frustration. Il est donc normal d’avoir des pulsions, des pulsions de vie ou de mort, les deux étant étroitement liées, ces pulsions vont s’exprimer et vont être gérées par le sur-moi.
Lors d’une défaillance du « sur-moi » alors c’est la résultante de cet arbitrage qui se trouve déséquilibré le « moi » ne tient plus. La personne a alors besoin de s’adosser à un « moi auxiliaire », c’est-à-dire un point d’appui sur lequel elle pourra retrouver un équilibre. Le moi auxiliaire peut être un thérapeute, un membre de la famille, un ami, autre.
Fanstasmes et identité sexuelle.
Nous avons vu également qu’un fantasme classique est pour les hétérosexuels d’avoir un rapport avec une personne du même sexe : avoir envie de faire l’amour avec une personne de même sexe fait-elle de moi une personne homosexuelle ?
Puissions-nous une fois ne pas utiliser d’étiquettes dans notre rapport au sexe ? Selon Freud et JUNG, s’ils n’empruntent pas le même chemin, tous deux sont d’accord pour considérer que l’être humain est par nature bisexuel.
Avoir un doigt dans l’anus avec sa partenaire pendant un rapport, se faire sodomiser par elle avec un sextoy ne fait pas d’un homme une personne homosexuel(le). Tout comme avoir une expérience homosexuelle n’étiquette pas une personne « d’homosexuel(le) ». « Nous sommes tous bisexuels. L’inconscient se moque du genre ».
Aujourd’hui nous connaissons jusqu’à 27 formes de rapport à la sexualité. On ne parle plus de #LBGT mais de LGBTQIA+ soit les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, trans, queers, intersexes et asexuelles et +.
On observe d’ailleurs une monté de l’asexualisme chez les jeunes c’est-à-dire un désintéressement de des jeunes de la sexualité.
Masturbation & co.
Enfin par rapport à la masturbation, à la pratique en elle-même mais aussi à sa fréquence. On observe une évolution des comportements au sujet de la masturbation. La pratique devient de Oui avoir envie de se masturber est normal. Il s’agit de l’exprimer d’une pulsion d’éros, une pulsion de vie. Ou simplement d’un moment agréable au cours duquel on souhaite aller à la rencontre de soi.
Quant à la fréquence peut importe qu’il s’agisse de plusieurs fois par jour ou par semaine. C’est lorsque la masturbation empêche d’avoir une vie normale alors qu’il faut envisager de trouver une solution. Si l’impossibilité de se masturber va provoquer des troubles de l’humeur ou autre là aussi il faut se poser question.
En conclusion « suis-je normal(e) ? »
Cette question est donc logique et classique. Il nous appartient de trouver les réponses avec soi-même, avec son partenaire et à ne pas rester bloquer sur ce type d’interrogation. Retenez que si cela vous questionne c’est « Ok » et que si cela vous obsède alors vous avez un petit indice sur la nécessité d’un travail à réaliser sur vous-même.
- Bajos N., Bozon M., Beltzer N. Enquête sur le « Contexte de la Sexualité en France », INSERM, INED, ANRS
- John M. Grohol, PSY.D, How Long For Good Sex? 5 Minutes Will Do, http://psychcentral.com/blog/archives/2008/04/06/how-long-for-good-sex-5-minutes-will-do/
- Eric W. Corty PhD and Jenay M. Guardiani BS, Canadian and American Sex Therapists’ Perceptions of Normal and Abnormal Ejaculatory Latencies: How Long Should Intercourse Last? The Journal of Sexual Medicine, Volume 5, Issue 5, pages 1251–1256, May 2008
- Alain HÉRIL, Psychanaliste, Sexothérapeute, Auteur et Formateur en sexothérapie et psychopathologie.